TOUT SUR L'HYPERSENSIBILITÉ

Tout le monde est sensible, car la sensibilité est le propre de l’être humain. Mais certains sont plus sensibles que d’autres … L’hypersensibilité est un terme utilisé pour décrire une réaction excessive ou anormale à des stimulis normaux et qui n’entraînent pas de réactions de la part des personnes qui ne sont pas hypersensibles. L’hypersensibilité est une neuroratypie, c’est-à-dire un fonctionnement du système nerveux plus rapide que la moyenne, qui concernerait jusqu’à 30% de la population, et toucherait tout autant les hommes que les femmes.
Être hypersensible, c’est avant tout ressentir et vivre les choses intensément. C’est posséder deux grandes caractéristiques : d’une part, une hyperémotivité avec des émotions plus intenses et plus fréquentes. Et d’autre part, des hyperesthésies, c’est-à-dire un ou plusieurs sens plus développés comme la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût ou le toucher.

Le mot « Hypersensibilité » est la traduction française de HSP (high sensitive person), terme américain, signifiant « Personne à la sensibilité élevée ».

L’hypersensibilité a toujours existé … Or, ce sujet est longtemps resté caché sous le tapis … La sensibilité était d’ailleurs souvent confondue avec la sensiblerie largement associée aux femmes. En 1991, la psychothérapeute américaine Elaine Aron présente sa vision de l’hypersensibilité en parlant de HSP « Highly Sensitive Person ». Aujourd’hui l’hypersensibilité fait l’objet de nombreux travaux scientifiques traités avec tout le sérieux qu’elle mérite. Et si elle émerge aujourd’hui, c’est d’une part parce que la société en mutation accepte désormais de plus en plus les différences entre les personnes, et que d’autre part nous avons de plus en plus besoin d’exprimer notre sensibilité.

L’hypersensibilité et l’hyperémotivité ne doivent pas être confondues. L’hypersensibilité se manifeste par une forte sensibilité au monde extérieur alors que l’hyperémotivité prend la forme d’émotions intenses souvent déstabilisantes. Notez de plus que l’hyperémotivité exacerbe la sensibilité, mais peut aussi apparaître chez quelqu’un qui ne se considère pas comme hypersensible.

Un neuropsychologue ou un thérapeute spécialisé dans l’hypersensibilité sont le plus à même de pouvoir poser ce diagnostic d’hypersensibilité. Sachez cependant qu’il n’existe pas de test officiel, et c’est pourquoi chaque professionnel va procéder à son évaluation via ses outils personnels.

Pour aider les personnes hypersensibles, il est préférable de consulter un thérapeute dont l’approche est pluridisciplinaire, et qui va utiliser d’une part des techniques de régulation et libération émotionnelle (EFT), ou l’EMDR pour revisiter et retraiter certains souvenirs du passé, ainsi que la Thérapie Cognitive et Comportementale (TCC) et la Thérapie Interpersonnelle (TIP) qui permettent de prendre en charge la dimension interpersonnelle quasiment toujours liée aux problèmes d’hypersensibilité et d’hyperémotivité.

L’hypersensibilité ne se soigne pas au sens médical du terme, car il ne s’agit pas d’une maladie à proprement parler. En effet, l’hyperémotivité est un trait de personnalité, et il n’est donc pas possible de s’en débarrasser, que ce soit par un traitement ou par un suivi spécifique. Il existe néanmoins des solutions pour apprendre à gérer ses émotions. La première et la plus simple étant de simplement apprendre à vivre en acceptant son hypersensibilité et son hyperémotivité, en apprenant à être fier(e) de votre personnalité et des traits de caractère que cela engendre. Notez que si un hypersensible refoule son trait de personnalité, il risque de créer en lui de l’anxiété, du mal-être ou un état dépressif ; alors que l’acceptation de son hyperémotivité permet d’accueillir le trop-plein d’émotions pour ne plus vous laisser submergé(e) et contrôlé(e) par celles-ci.

En simplifiant, nous dirons qu’il existe 3 types d’hypersensibilité.

L’hypersensibilité émotionnelle pour décrire une réaction excessive à des stimuli émotionnels. Les personnes concernées peuvent être plus sensibles aux émotions des autres, ainsi qu’à leurs propres émotions. Cela peut entraîner une vulnérabilité accrue aux stress, à l’anxiété et la dépression, ainsi qu’une tendance à réagir excessivement aux situations stressantes.

L’hypersensibilité sensorielle pour décrire une réaction excessive ou intolérable à des stimulis sensoriels. Les personnes concernées peuvent être plus sensibles aux bruits forts, aux lumières vives, à certains tissus, aux odeurs fortes, aux mouvements et aux changements de température. Cela peut entraîner de la désorientation, de l’inconfort et de l’anxiété, ainsi qu’une tendance à éviter ces situations ou certains environnements.

L’hypersensibilité intellectuelle pour décrire une réaction excessive au fait de ressentir l’état mental de l’autre. Les personnes concernées ont tendance à vivre dans ta tête et à tout mentaliser et tout analyser. Cela vous amène à faire des liens inconscients entre certaines choses, ce qui fait émerger des compréhensions incompréhensibles.

Il existe deux grandes catégories de personnes hypersensibles : les introverties représentant la majorité et les extraverties.
Une personne introvertie, un peu maniaque, qui s’exprime assez peu et passe parfois pour quelqu’un de distant mais qui au fond d’elle ressent les choses très vivement. Cette personne s’angoisse facilement, s’inquiète pour ses proches et préfère éviter les histoires d’amour de peur de trop souffrir.
Le second profil concerne les personnes extraverties qui vont rire facilement, pleurer devant un film dramatique, se montrer très cœur d’artichaut et dépendantes sur le plan affectif. Et qu’on soit extraverti(e) ou introverti(e), les émotions sont ressenties avec une intensité extrême.

Oui, l’hypersensibilité est innée ! On naît hypersensible et on le reste toute sa vie. Des études scientifiques ont permis d’identifier que l’hypersensibilité était également héritée génétiquement. Sans compter qu’elle est également très influencée par l’environnement.

Une personne hypersensible a un cerveau qui tourne plus et qui consomme plus, entraînant souvent des dérèglements au niveau nerveux et hormonal : anxiété, troubles du sommeil, compulsions sucrées, douleurs chroniques, troubles digestifs, et donc un risque accru de fatigue chronique et d’épuisement qui pourrait risquer de déboucher sur un burn-out.

L’hypersensibilité offre plus d’avantages que d’inconvénients, à condition de savoir comment la gérer et réussir à la transformer en une force. Elle devient un atout quand on se connaît bien et qu’on maîtrise bien ce qui nous stimule, pour prévoir en avance notre réaction.
Selon les pays et les cultures, l’hypersensibilité est une qualité et une super force. Savoir que l’on est hypersensible et en comprendre ses signes se révèle donc être un atout sur différents aspects.
Les personnes à la sensibilité élevée savent approfondir les choses, avoir une vision plus importante des détails, prendre le temps de réfléchir avant une décision, créer facilement du lien, s’entendre mieux avec les autres, être plus attentionné …
Et puis, les personnes hypersensibles voient mieux la richesse du monde, pour en tirer une créativité et une imagination ultra développées idéales pour s’exprimer dans le monde artistique.

Il y a bel et bien un lien entre l’hypersensibilité et les addictions. Puisque, de manière générale, le glucose est un des carburants principaux du cerveau, il est donc « normal » qu’un cerveau qui “tourne” plus, en ait davantage besoin. Les hypersensibles sont donc structurellement attirés par le sucre. Sachant que l’alcool et le tabac sont fortement chargés en sucres rapides, vous comprenez mieux le rapport.
La cause peut aussi être hormonale puisque l’hypersensibilité s’accompagne de divers dérèglements dont le cortisol et la sérotonine. Or, la déficience de ces neuro-hormones peut augmenter l’addiction au sucre.
Rajoutons pour terminer que les dérèglements peuvent également impacter les hormones de la récompense qui interviennent aussi dans les addictions.

L’hypersensibilité a de nombreuses conséquences physiologiques, car un cerveau qui réagit plus, consomme plus ! L’hypersensibilité s’accompagne donc souvent d’une perturbation des surrénales et des neurohormones qui en dépendent (cortisol et sérotonine entre autres).
Et ces dérèglements ont entre autres une action directe sur le microbiote, sur le processus digestif (dysbiose, inflammation, etc.), et donc sur l’immunité.

En vieillissant, nous avons tendance à renouer avec la spontanéité émotionnelle de notre enfance. Du coup, nous pouvons fondre en larmes sans la moindre retenue devant un film, être assaillis par la tristesse devant une personne malheureuse, ou éclater de rire sans grande raison particulière !
Le point positif est que cette sensibilité qui s’accroît nous donne souvent plus d’empathie, nous ouvre plus aux autres et nous permet d’enrichir nos relations.

Le stress et l’anxiété peuvent provoquer des émotions intenses qui peuvent amener une personne à pleurer sans raison apparente. De plus, l’épuisement physique ou émotionnel peut vous rendre plus fragile et plus enclin aux pleurs. Sans compter que les pleurs sont une forme de communication non verbale permettant de dire aux autres qu’ils sont déjà allés trop loin, en provocant chez eux de l’empathie et du soutien. Notez enfin que les larmes psychiques contiennent de l’enképhaline-leucine, un puissant analgésique naturel qui se libère lors des pleurs.

L’hypersensibilité augmente le stress selon 3 points importants :
1/ Une réactivité émotionnelle intense : Les personnes hypersensibles réagissent plus fortement aux stimuli émotionnels. Une remarque négative ou une situation stressante peut provoquer une réaction émotionnelle disproportionnée. Cela entraîne une plus grande vulnérabilité au stress.
2/ Une surcharge sensorielle : Les hypersensibles sont plus réceptifs aux bruits, à la lumière ou à la foule. Tout cela rendant difficile la gestion des situations quotidiennes.
3/ Une empathie exacerbée : Les hypersensibles souffrent d’une forte empathie. En ressentant intensément les émotions des autres, ils prennent sur eux les sentiments des autres, ce qui, avec le temps les conduit souvent à un épuisement émotionnel et à un stress accru.